Le nouveau complexe académique du CEDI
Effondré comme un château de cartes lors du séisme du 12 janvier, le Centre d’études diplomatiques et internationales (CEDI), qui répond aux attentes des étudiants par la qualité de la formation universitaire dispensée a repris ses activités universitaires. L’inauguration du nouveau complexe académique parasismique sis à la rue Théodule (Bourdon) offre un cadre convivial et agréable.
12 janvier 2010 : En 35 secondes, le CEDI, comme beaucoup d’institutions du pays, n’a pas échappé au meurtrier et dévastateur tremblement de terre qui a fauché plus de 250 000 vies, déstructuré des pans entiers de notre société, détruit tant d’espérances prometteuses et annihilé tant d’avenirs. Un an après ce drame, le CEDI, tel le phénix, renaît de ses cendres et de l’abîme en dépit des conditions difficiles et des pertes colossales enregistrées.
Ainsi, pour répondre à sa mission principale (former des cadres compétents et qualifiés), le Conseil d’administration du CEDI a procédé le lundi 10 janvier 2011 à l’inauguration du nouveau local de ce centre universitaire aménagé en un temps record. La cérémonie allait commencer pour de bon, quand le professeur Jean-Abner Charles et l’étudiante Christelle Raymond, qui officiaient en qualité de maîtres de cérémonie, invitèrent l’assistance à entonner La Dessalinienne sous la baguette de l’étudiant Valce Melky. Puis, ils ont passé le micro au révérend père Roger Pierre pour la prière de circonstance et la bénédiction des locaux.
En fait, l’ossature des bâtiments est complètement en métal. Les murs contiennent des feuilles de tôle galvanisée avec de faux-plafonds pour atténuer la chaleur et permettre à la climatisation de donner son plein rendement. Selon l’ingénieur Dimitrov Ambroise, concepteur de cette oeuvre, tout ceci est fait de structures légères sécurisées aux fins de rassurer les utilisateurs et atténuer les traumatismes né du séisme du 12 janvier 2010.
« Certes, les constructions ne sont pas encore achevées, mais ce qui reste à faire constitue des aménagements esthétiques dignes de recevoir les professeurs et étudiants exigeants que vous êtes. Je suis fier d’avoir eu comme partenaire de cette réalisation votre directeur, un homme pointilleux, méticuleux, attentif aux moindres détails et qui veut pour vous tout ce qui y a de meilleur », a confié avec satisfaction M. Ambroise.
Compte tenu des sacrifices et des efforts consentis par la direction pour parvenir à l’inauguration du nouveau complexe académique, l’ambassadeur Denis P. Régis s’est vanté d’avoir fait preuve d’imagination et de ténacité en vue de mobiliser ses propres fonds à la réalisation du projet de construction des nouveaux locaux du CEDI.
« Etudiants et étudiantes du CEDI, sans entrer dans les multiples péripéties qui ont jalonné la reconstruction des locaux de votre institution, je vous avais promis, dis-je, un nouveau complexe académique à la dimension et à la mesure de vos attentes, de ce que à quoi le CEDI vous a habitués et, par-dessus tout, de la qualité de la formation dispensée en ce lieu. Vous voilà servis. Certes, il ne s’agit plus des somptueux et vastes bâtiments d’avant le séisme, mais d’un cadre convivial, agréable, sélect, propre et fonctionnel. » Par ces mots, Denis P. Régis, directeur du CEDI, s’adressant à l’auditoire composé d’étudiants et de professeurs dont le sénateur Youri Latortue, l’ambassadeur Yves Edwidge Lalanne, Elyse Gelin, Abel Mercier, Sylvestre Francillon, Adeline Clerjeune, Elie Melay, Ange Bellie Andou, du journaliste Pierre Raymond Dumas et des personnalités du secteur privé et public, a mis en relief l’excellence et la qualité de la formation qui y est dispensée et la mise à niveau régulière du curriculum des programmes offerts à ce centre universitaire.
Dans son allocution de circonstance, M. Régis s’est dit conscient que le CEDI doit constamment innover, tout en renforçant les programmes dans lesquels il a déjà développé une compétence distinctive.
« Vous êtes chez vous, dans votre nouveau complexe. Des sacrifices énormes ont été consentis. Et ceci sans aucun apport, ni soutien financier et économique d’aucune sorte, ni d’organismes haïtiens, ni d’institutions étrangères. Les efforts consentis, les voyages multiples que j’ai effectués m’ont révélé qu’en dépit des promesses mirobolantes, des engagements souscrits, il se révèle à l’évidence que nous autres, Haïtiens, nous devons apprendre avant tout à compter sur nos propres forces, sur nos propres ressources, sur notre imagination créatrice », a-t-il indiqué, les yeux rivés sur le public, en remerciant publiquement Mme Miriame Mayard, la directrice administrative du CEDI, qui, dans des moments de découragement et de doute, a su lui insuffler un peu de son indomptable énergie et de sa connaissance de l’humain. Contrairement à d’autres, elle a toujours cru en la renaissance de ce centre d’enseignement supérieur.
Plus loin, M. Régis a déploré la réaction de l’État haïtien face à ce cataclysme qui a pratiquement détruit le système de l’enseignement supérieur d’Haïti. Cette crise, selon lui, permet de comprendre le retard d’Haïti dans maints domaines en dépit des interventions de nos partenaires internationaux. « Un État qui n’investit pas dans l’enseignement supérieur, technique et professionnel et dans la recherche scientifique condamne ses fils et ses filles à contempler le développement économique et le progrès social sur les chaînes de télévision étrangères. L’enseignement ne paraît pas figurer dans la priorité de ceux qui devraient en faire leur cheval de bataille. Et c’est dommage », a-t-il martelé avec peine.
Pour sa part, le professeur Jean-Robert Simonise, qui prenait la parole en la circonstance, a fait remarquer qu’après ce triste événement qui a affecté cette institution dans son âme comme dans ses structures physiques, de manière aussi cruelle, il a fallu le courage et la détermination d’un homme de la trempe de M. Régis, appuyé par des collègues efficaces et discrets, pour rouvrir le CEDI en un an, un mois et un jour.
« Nous n’allons pleurer personne aujourd’hui. Nous allons les honorer au sein de cette institution par la vie que nous devons nous promettre de rendre meilleure en Haïti par le savoir. Le temps est venu de sécher nos larmes pour entrer dans le devoir de mémoire qui implique l’effort de chacun. On ne peut honorer des disparus par des mots uniquement. C’est en prenant de fermes résolutions pour protéger utilement et effectivement les survivants que les sociétés de progrès honorent les victimes d’une tragédie comme celle du 12 janvier », a-t-il soutenu.
S’adressant aux étudiants, M. Simonise estime qu’il est important que ces derniers sachent que quatre ans d’études universitaires c’est avant tout quatre années de lecture, de recherches et de débats. Malheureusement, le pays hélas ! a tourné le dos à l’écrit. L’oralité est devenue la forme première de communication, même dans les affaires de l’État. Nous faisons fausse route. La défense du créole ne signifie point l’abandon de toute forme de pensée organisée. Je vous convie à prendre vos distances avec la facilité que procurent les médias électroniques pour revenir à la lecture sérieuse et approfondie. Vos devanciers qui ont réussi ont tous eu en commun la passion pour les livres et une grande curiosité intellectuelle.
Selon lui, la modernité ne réside pas dans les concepts passe-partout vendus au rabais sur Internet, contrairement à ce que certains veulent faire croire. Il ajoute que le monde moderne a été façonné par la liberté de penser et non par le prêt-à-penser. C’est pourquoi il encourage les étudiants du CEDI à discuter ses assertions avec des arguments validés par des sources pertinentes et non par des slogans, comme cela se fait dans les médias.
Conscient de l’importance de la jeunesse dans le processus de la reconstruction d’Haïti, le professeur Adeline Clerjeune a rappelé aux étudiants qu’ils constituent la charpente pour parvenir à l’émergence de la nouvelle Haïti dont on parle. « Je vous recommande, chers étudiants, à redoubler d’efforts. Que vous le vouliez ou non, vous serez appelés, malgré vous, à prendre les rennes de ce pays dans les années à venir. Je pense avec fermeté que la nation haïtienne peut compter sur vous pour le changement », souligne-t-elle, ajoutant que le CEDI est un centre de réflexion, catalyseur de pensées politiques et un bastion du savoir.
Cette cérémonie avait, pour but, entre autres, de souhaiter la bienvenue aux anciens et nouveaux étudiants de ce centre universitaire. Salle comble. Spectacle bien préparé. Sonorisation impeccable. Le beau monde du milieu universitaire du CEDI était au rendez-vous. Accompagné de son groupe, le talentueux musicien Harry Juste, étudiant au CEDI, et son groupe ont interprété avec brio plusieurs beaux morceaux tirés de leur répertoire pour le plaisir des invités. L’étudiant Valce Melky, a lui aussi, apporté sa touche par une chanson à la réussite de cette soirée de partage, d’émotions et de retrouvailles.
En effet, il faut rappeler qu’à côté de ses fonctions académiques, le CEDI, dirigé avec un dynamisme remarquable, se donne également pour tâche de travailler à la promotion des activités culturelles. L’inauguration a été pour les dirigeants l’occasion d’affirmer leur volonté de faire de cet espace du savoir un lieu d’attraction culturelle et sociale.
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